Des chercheurs de l’IRCM suggèrent que les femelles pourraient compter sur un mécanisme pour protéger leur foie contre les régimes riches en matières grasses et en sucres

Des chercheurs de l’IRCM suggèrent que les femelles pourraient compter sur un mécanisme pour protéger leur foie contre les régimes riches en matières grasses et en sucres

Un groupe de chercheurs de l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) a découvert que les femmes peuvent compter sur une arme secrète, c’est-à-dire une protéine, qui protège leur foie contre les conséquences d’un régime riche en matières grasses et en sucres. 

Plus précisément, l’équipe dirigée par Jennifer Estall, directrice de l’unité de recherche des mécanismes moléculaires du diabète de l’IRCM, a trouvé un moyen de protection qui fonctionne grâce à l’œstrogène, ce qui explique pourquoi il favorise les femmes plutôt que les hommes. La recherche a récemment été publiée dans la revue Gastroenterology.

Un mécanisme qui pourrait permettre de réduire les risques de diabète
Il est bien connu que les femmes sont moins touchées par les maladies métaboliques, du moins pendant une certaine partie de leur vie. Avant d’atteindre la ménopause, les femmes ont de 1,5 à 2 fois moins de chance de développer une stéatose hépatique non alcoolique (SHNA), une maladie fortement associée à l’obésité et au diabète de type 2, qui est aggravée par les régimes riches en matières grasses et en sucres. L’équipe de l’IRCM a réussi à identifier une protéine qui pourrait expliquer les raisons pour lesquelles les jeunes femmes sont mieux protégées.

Les recherches précédentes avaient établi qu’une protéine nommée PGC1A, qui aide à réguler le métabolisme en ce qui concerne le gras et les muscles, était présente en quantité inférieure dans le foie des patients souffrant de SHNA. Cette observation intriguait la chercheuse Jennifer Estall et son équipe : « Nous voulions voir s’il y avait une relation de causalité entre la faible présence de PGC1A et la SHNA ou si ce n’était qu’une pure coïncidence », explique la Dre Estall, qui est aussi professeure-chercheuse ajointe à l’Université de Montréal et professeure associée à l’Université McGill.

Pour ce faire, l’équipe a étudié des souris qui avaient un niveau inférieur de PGC1A dans leur foie et leur a fait suivre un régime riche en matières grasses et en sucres pour provoquer la SHNA. « Généralement, lorsqu’on leur fait suivre ce régime, les mâles accumulent beaucoup plus de gras que les femelles et leur foie subit plus de dommages, affirme Aurèle Besse-Patin, étudiant au doctorat dans le laboratoire de Jennifer Estall et premier auteur de l’article. Cette fois-ci, par contre, les deux sexes ont semblé développer des dommages comparables. » 

C’était comme si, en réduisant le niveau de PGC1A, l’équipe de l’IRCM avait bloqué un mécanisme sur lequel les femmes en particulier pouvaient compter. Le groupe a démontré que l’œstrogène agit par la PGC1A pour protéger le foie contre les effets néfastes de l’obésité. Le fait que le mécanisme soit activé par l’œstrogène pourrait permettre d’expliquer pourquoi les femmes ont un risque plus élevé de développer une SHNA après la ménopause, c’est-à-dire lorsque le niveau d’œstrogène diminue, mais des études plus poussées seront nécessaires pour confirmer cette hypothèse. 

Une grande partie des femmes pourrait profiter de la PGC1A, toutefois cette protection n’est pas universelle. L’équipe de Jennifer Estall a démontré qu’un variant génique trouvé chez environ 50 % de la population pouvait entraîner un niveau faible de PGC1A. Ainsi, les femmes possédant cette version du gène pourraient avoir des risques plus élevés de souffrir de stéatose hépatique que leurs paires, bien que la Dre Estall insiste sur le fait que ce variant ne cause pas la SHNA. « L’augmentation du risque peut seulement être calculée après avoir tenu compte d’une combinaison de facteurs autres, par exemple les habitudes alimentaires et l’activité physique », explique-t-elle.

De plus, l’étude met en évidence l’importance d’intégrer autant les populations masculines que féminines dans les recherches biomédicales et de considérer le sexe comme une variable. Il y a encore quelques années, le fait d’étudier les populations masculines et féminines était perçu comme une pratique faisant pratiquement doubler les coûts et la durée des études, mais elle gagne en popularité dans le milieu de la recherche et s’avère efficace, y compris dans l’étude de Jennifer Estall : « Si nous n’avions pas intégré de souris femelles et effectué la comparaison entre les deux sexes, notre équipe n’aurait pas pu prouver que la PGC1A est influencée par l’œstrogène dans le foie, affirme la Dre Estall. Plus important encore, nous serions passés à côté de ce qui pourrait devenir une nouvelle cible thérapeutique prometteuse pour traiter les femmes souffrant de stéatose hépatique », conclut-elle.

À propos de l’étude
Le projet de recherche a été réalisé à l’unité de recherche des mécanismes moléculaires du diabète de l’IRCM par Aurèle Besse-Patin, Mélissa Léveillé, Daniel Oropeza et Jennifer Estall. Annik Prat, de l’unité de recherche en biochimie neuroendocrinienne de l’IRCM, et Bich N. Nguyen, du Centre hospitalier de l’Université de Montréal, ont aussi participé à cette étude. La recherche a reçu du soutien financier de la Fondation canadienne du foie, des Instituts de recherche en santé du Canada et du Fonds de recherche Québec — Santé. Aurèle Besse-Patin et Mélissa Léveillé ont tous deux reçu une bourse d’études de la Fondation de l’IRCM ainsi qu’une bourse d’études de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal.

À propos de l’Institut de recherches cliniques de Montréal
Fondé en 1967, l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) est un organisme à but non lucratif qui effectue de la recherche biomédicale fondamentale et clinique en plus de former une relève scientifique de haut niveau. Doté d’installations technologiques ultramodernes, l’Institut regroupe 33 équipes de recherche qui œuvrent notamment dans le domaine du cancer, de l’immunologie, de la neuroscience, des maladies cardiovasculaires et métaboliques, de la biologie des systèmes et de la chimie médicinale. L’IRCM dirige également une clinique de recherche spécialisée en hypertension, en cholestérol, en diabète et en fibrose kystique ainsi qu’un centre de recherche sur les maladies rares et génétiques chez l’adulte. L’IRCM est affilié à l’Université de Montréal et associé à l’Université McGill. Sa clinique est affiliée au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). L’IRCM reçoit l’appui du ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation du Québec.
 
Source :
Anne-Marie Beauregard, conseillère en communication, IRCM
514 987-5555 | anne-marie.beauregard@ircm.qc.ca 

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