Une découverte québécoise prometteuse
Une équipe de recherche de l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) vient de lever le voile sur un mécanisme méconnu, mais essentiel : comment se développent les circuits permettant de synchroniser notre horloge biologique avec le cycle jour-nuit? Ces travaux, tout juste publiés dans Cell Reports, pourraient ouvrir la voie à de nouvelles approches pour traiter les troubles du rythme circadien.
Alors que la plupart des Canadiens et Canadiennes viennent de vivre un changement d’heure qui n’est pas sans conséquences pour le cycle du sommeil, ces travaux jettent une lumière neuve sur les mécanismes cellulaires qui permettent à l’humain de s’adapter aux changements du rythme circadien.
Le contrôle de notre horloge interne dépend de cellules spécialisées dans la rétine, sensibles à la lumière, qui envoient l’information sur les niveaux lumineux de l’environnement au cerveau lui permettant ainsi d’ajuster nos rythmes quotidiens. Mais, les mécanismes contrôlant la formation de ce circuit critique étaient jusqu’ici mal compris. C’est la question à laquelle s’est intéressée l’équipe du Dr Michel Cayouette à l’IRCM, en collaboration avec les équipes des Drs Nicolas Cermakian et Arjun Krishnaswamy de l’Université McGill.
Leur étude révèle que les cellules gliales de Müller, auxquelles l’on accorde habituellement un simple rôle de soutien dans la rétine, sont en fait essentielles à l’assemblage de ce circuit. En libérant des signaux chimiques spécifiques, elles permettent aux neurones sensibles à la lumière de se connecter correctement au cerveau. En l’absence de ces signaux, les neurones deviennent trop réactifs et l’horloge biologique ne se synchronise pas aux changements du cycle jour-nuit.
« Ces résultats montrent que le dialogue entre les cellules nerveuses et leurs partenaires gliaux est crucial pour construire le système qui règle nos rythmes circadiens », explique le Dr Cayouette. Les co-premiers auteurs de l’étude sont Thomas Brown et Noémie Vilallongue, membres de son équipe.
Financée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), cette recherche est particulièrement pertinente dans un contexte où les perturbations du rythme circadien sont liées à des troubles comme l’insomnie, la dépression saisonnière, les déséquilibres métaboliques et même certains cancers. Mieux comprendre comment ce système se met en place pourrait un jour permettre de prévenir ou corriger ces dérèglements.
