Une mutation qui provoque des sensations en miroir

Une mutation qui provoque des sensations en miroir

Lorsque vous éprouvez une sensation douloureuse, comme toucher un poêle chaud avec votre main, la douleur est limitée à votre main, ce qui vous permet de la retirer rapidement de la source de chaleur. Comment le cerveau sait-il que la douleur vient bien de votre main et non d’une autre partie de votre corps? Une étude publiée récemment par des chercheurs de l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) aide à clarifier cette question.
 
L’équipe dirigée par Artur Kania, directeur de l’unité de recherche en développement de circuits neuronaux de l’IRCM et professeur aux facultés de médecine de l’Université McGill et à l’Université de Montréal, a démontré que l’organisation des axones, qu’on peut considérer comme des fils électriques où circule de l’information entre la moelle épinière et le cerveau, est essentielle pour permettre au cortex cérébral de localiser la source de la douleur. Les résultats de cette étude ont été récemment publiés dans Cell Reports.

Il est bien connu que le côté gauche du cerveau traite les sensations originaires du côté droit du corps, et vice versa. Cela se produit grâce aux axones qui relaient l’information des sensations, y compris la douleur, car celles-ci se croisent d’un côté à l’autre du système nerveux en passant par la moelle épinière jusqu’au cerveau. Quelle est la fonction de ces circuits croisés? En collaboration avec des scientifiques situés en Suisse et en Australie, les membres de l’équipe du Dr Kania, dont Ronan da Silva, étudiant au doctorat, ont analysé comment les mutations d’un gène appelé DCC affectent ces circuits neuronaux entre la moelle épinière vers le cerveau, chez les souris et les humains. Ils ont constaté que les souris et les humains avec des mutations dans DCC ont du mal à discerner l’endroit où se situe un stimulus douloureux. Par exemple, les patients avec des mutations dans DCC éprouvent des sensations en miroir, c’est-à-dire que la stimulation d’une certaine partie du corps amène le sujet à le percevoir en même temps sur le lieu stimulé et au même endroit au côté opposé. Ces expériences fournissent des indices sur le fonctionnement des circuits neuronaux et différentes informations sur la douleur, par exemple, son emplacement ou son intensité. Couper les circuits qui touchent l’intensité de la douleur, mais non pas sa localisation, pourrait être un moyen plus précis pour soulager la douleur chronique et réduire les effets secondaires indésirables des médicaments antidouleurs comme les opiacés.

À propos de l’étude
Cette recherche a été menée à l’unité de recherche sur le développement des circuits neuronaux de l’IRCM par Ronan V. da Silva, R. Brian Roome, Farin B. Bourojeni, Nicolas Stifani et Artur Kania. Helge C. Johannssen, Matthias T. Wyss, Bruno Weber et Hanns Ulrich Zeilhofer de l’Université de Zurich, Ashley PL Marsh, Monique M. Ryan, Paul J. Lockhart et Richard J. Leventer de l’Université de Melbourne, Linda J. Richards de l’Université du Queensland, ainsi que Bernard Rosenblatt et Myriam Srour de l’Hôpital de Montréal pour enfants ont également collaboré à l’étude.

Le projet de recherche a été financé par Brain Canada, le Réseau québécois de recherche sur la douleur, les subventions de collaboration McGill-Zurich, les Instituts de recherche en santé du Canada, le Fonds de recherche du Québec — Nature et technologies, le Prix australien postdoctoral, le Conseil national de la santé et de la recherche médicale, les Enfants de Melbourne, la Fondation EJLB, la Fondation canadienne pour l’innovation, la Fondation W. Garfield Weston, l’Université de Zurich et le Conseil national de la santé et de la recherche médicale.

 

Source :
Anne-Marie Beauregard, conseillère en communication, IRCM
514 987-5555 | anne-marie.beauregard@ircm.qc.ca

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